Jour (Banlieue verte)

Une jolie journée d'arrière-saison. Avec une lumière jaune et oblique, comme le regard du chat qui s'éveille sur le divan où il se prélassait, juste pour voir ce qui se passe à la cuisine, et replonge aussitôt dans sa somnolence ronronnante. 

Une journée d'odeurs mêlées, avec l'âcreté douce de la figue pas tout à fait mûre qu'on éventre de l'ongle, et ce je-ne-sais-quoi de balsamique, vert et brun, hésitant entre le fond d'encrier mâtiné de patchouli-menthe et les verdeurs amères d'une térébenthine évanescente, avec en arrière-plan, la note surprenante d'une pointe de curry. 

Belle journée, aussi, pour les guêpes, saoules de fruits tombés, et qui s'assoupissent dans leur ivresse sucrée au fond de la plaie béante de la pomme ou de la prune chue. Elles seront inoffensives aujourd'hui. 

Et tout, en ce jour, parle de luxe, calme et volupté. Point n'est besoin, cette fois encore, d'aller chercher bien loin ce paradis qui nous attend dès la porte du jardin. D'ailleurs, j'y retourne...