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Après les papillons...
21 août 2020

Je veux sortir

Ca commence à goûter bizarre ici. Et les parois sont devenues dures. Et puis elles se rapprochent. Je suis mal. Je veux sortir.

 Tantôt - hier, quand ? - les parois sont devenues tellement dures tellement brutalement, qu'elles m'ont frappée et écrasée.

(Plus tard, tu m'as dit que tu t'étais saisie à cause d'un chien, et que ça avait déclenché les premières contractions.)

 Je suis de plus en plus mal. A l'étroit, écrasée. Pourquoi je me sens perdue ? Je veux sortir. Il n'y a plus la place pour nager. Les goûts changent, et je n'aime pas. Je veux sortir.

 Alors, entre les coups que m'assène la paroi, je bouge. Me protéger : ça fait mal. Sortir : de la place. Mais sortir où ? Sortir comment ? Je bouge.

 Enserrée. Et tout s'arrête. Les coups de la paroi ont cessé. Mais je veux sortir ! Et depuis longtemps, maintenant.

(Plus tard, tu m'as dit qu'il y avait eu un orage, que tu ne voulais pas partir de nuit pendant un orage, et que tu t'étais mise au lit, et endormie très vite. Tu m'as dit que tu étais partie pour la maternité le lendemain dans la journée.)

 Repos. Mais je veux sortir. Les coups ont cessé depuis assez longtemps. A l'étroit. L'autre moi n'est plus là depuis plus longtemps. Je ne sais pas où il/elle est.

 Repos, encore. Et puis, les coups recommencent. Quelque chose s'ouvre. Je pousse avec ma tête. Je lutte. Je passe enfin.

 De la place. De la douleur. (Plus tard, tu m'as dit que cette douleur, ça s'appelle "respirer".)

 Je suis exposée. Couchée. Une autre douleur. Mes yeux. Je bouge.

(Plus tard tu m'as dit que quand la sage-femme m'avait mis de l'argyrol dans les yeux, j'avais rué, et que tout le flacon s'était renversé sur son tablier. Tu m'as répété souvent que tu avais dû rembourser le tablier fichu par ma faute. Mais pourquoi avait-elle posé ce flacon ouvert à côté de mes jambes ?)

 Je bouge. Puis je dors. Tout a changé.

Et je suis seule. 

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Commentaires
P
fort poignant!
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Après les papillons...
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