Romane (Hors les murs)

Il y a longtemps que je ne l'ai plus vue, cette chapelle romane. Enfant, je l'ai aimée. Et puis, comme elle était loin de chez moi, peu à peu, je l'ai oubliée. Pas tout à fait, cependant... 

C'est à elle et à son tilleul que je dois de n'avoir jamais réussi à exécrer définitivement tous les lieux du culte chrétien. Elle m'a rendue encline à une forme de tendresse un peu bête pour les églises romanes. 

Elles n'ont pas l'élan vertical, l'aspiration à la transcendance si chers aux amateurs du gothique. Mais je leur trouve un charme dont la prétention gothique est tout à fait dépourvue. Elles évoquent pour moi la sollicitude un peu inquiète de la grosse poule grise qui ramène sous son aile les poussins égarés. Et même s'il fait cru sous leur voûte, l'impression est bien celle d'une chaleur, d'un accueil. 

Je retournerais bien dire bonjour à "ma" petite chapelle romane... et à son tilleul, s'il est encore debout. 

Comments

[feravec]

j'aime bien l'image de la poule et ce contraste fait avec le gothique, il y a quelque chose de "brut" dans l'art roman qui me touche bien plus que la grandiloquence ogivale. il y a le vrai, le terrien, l'essentiel, le temps où corps et esprit ne sont pas encore séparés et opposés. Par la suite, plus ça avance, plus l'ornementation se complique et plus la spiritualité se tarabiscote pour finir dans les excès prébaroques du gothique flamboyant.
le roman, c'est une exigence, comme le haïku ou comme la photo en noir et blanc